Dossier spécial : La sécurité sans le sécuritaire




Comment pourraient être traités collectivement les violences ou les crimes dans une société communiste libertaire ? Comment éviter de reproduire les monstres de la société capitaliste comme la prison ? Comment penser la sécurité de toutes et tous sans le sécuritaire ? Il n’y a pas de réponse toute faite, ni de schéma préétabli.
Avec ce dossier, nous avons souhaité entamer une réflexion.

Depuis quarante ans, le sécuritaire est devenu un leitmotiv politicien. Au nom de la lutte contre le crime, les libertés publiques sont piétinées, des individus sont enfermés, surveillés, et certains assas­sinés. Tout cela sert de prétexte pour renforcer, plus globalement, le contrôle social, et garantir la domination capitaliste.
Celle-ci engendre la violence. Dans leur majorité, les actes de délinquance obéissent aux règles d’un capitalisme informel. Illégaux dans leurs moyens mais conformistes dans leurs finalités.

D’autres, comme les violences sexuelles, sont le produits de la domination masculine.
Un monde débarrassé du capitalisme et des rapports de domination réglerait en grande partie le problème du crime en faisant disparaître le contexte qui l’engendre.
Les contours de la criminalité dépendent de définitions qui varient selon les sociétés et les époques. La France, à l’instar d’autres pays, connaît une phase de pénalisation très importante depuis les années 1970, qui se traduit par une criminalisation à tout va : de nombreux actes sont devenus des « délits » et, dans toutes les couches de la société, le recours à la justice pénale s’est accru pour régler le moindre écart aux normes sociales ou le moindre conflit.

Le filet punitif s’est étendu : le travail social et le soin psychiatrique sont de plus en plus sollicités pour suppléer la justice bourgeoise. Et nombre de parcours de délinquance sont artificiellement créés par des interdits absurdes, notamment en matière de drogues. La répression ne fait que renforcer la marginalisation de certaines et ­certains individus et, in fine, leur inscription dans « la délinquance ». La criminalisation enfante en grande partie le problème qu’elle prétend résoudre.

Et après ? Il est évident que dans une société communiste libertaire qui aura aboli ce contexte capitaliste, il subsistera malgré tout des formes de violences résiduelles. Sans compter que le capitalisme ne s’écroulera pas du jour au lendemain et que, même aujourd’hui, dans nos espaces militants, nous sommes confronté.es à des formes de violences qu’on ne peut laisser passer.

Comment pourraient être traités collectivement les violences ou les crimes dans une société communiste libertaire ? Comment éviter de reproduire les monstres de la société capitaliste comme la prison ? Comment penser la sécurité de toutes et tous sans le sécuritaire ? Il n’y a pas de réponse toute faite, ni de schéma préétabli.
Avec ce dossier, nous avons souhaité entamer une réflexion.

Un dossier coordonné par Marco (AL 92), Florence (AL Lorient)
et Tristan (AL Toulouse)


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