Luttes LGBT : Avoir un espace de revendication politique




Face à l’institutionnalisation des Marches des fiertés, des alternatives ont émergé. Pour autant, cela suffit-il à visibiliser les revendications politiques des luttes LGBT+ ? À partir de l’exemple de la Gay Pride de Nuit, réflexions autour des espaces existants, et de ceux à créer.

Le mois de juin est la saison des Marches des fiertés, organisées dans toutes les grandes villes de France (sous le contrôle des préfectures) par les associations LGBT+. Au fil des années institutionnalisée comme une journée de visibilité de la représentativité LGBT+ à travers le monde, elle s’est peu à peu transformée en marche festive et commerciale, aux thèmes consensuels, affichant de moins en moins de revendications militantes et revendicatives.

Depuis quelques années, ne trouvant plus leurs places dans ces marches dépolitisées et festives, des militantes et militants se sont regroupé.es pour se retrouver sur un projet plus « politique » et inclusif.

Pour une marche alternative et militante : c’était ce qui était porté lors de la création de la « Pride de nuit », se tenant la veille de la marche traditionnelle, et qui a réuni de nombreux.ses militant.e.s LGBT+ les années précédentes. Ayant connu une popularité fulgurante jusqu’à s’exporter dans d’autres villes de France, à l’instar de Lyon et Toulouse, elle n’aura pas lieu cette année à Paris comme l’annoncent quatre de ses anciennes initiatrices et initiateurs. En effet, celles et ceux-là l’avaient conçue comme un « outil politique, susceptible de produire des effets, à analyser en situation ». Or, ils et elles posent aujourd’hui le constat des dérives d’un rassemblement ponctuel, sans réel mot d’ordre autre qu’un rassemblement intra-communautaire, devenu un « fourre-tout statique plus que dynamique » qui offrirait un contrepoids plus radical à la marche des fiertés sans remise en question ou réflexion supplémentaire.

La Marche des fiertés, un lieu à réinvestir

Malgré tout, la Marche des fiertés reprend des couleurs plus revendicatives que les années précédentes. On observe un fort réinvestissement des marches à travers des cortèges radicaux, et de plus en plus d’associations dénoncent la doctrine libérale et xénophobe du gouvernement. Sont notamment pointées ses découpes budgétaires dans le domaine de la santé, qui attaquent les plus précaires, les migrantes et migrants, et plus généralement les organisations du secteur de la santé, du médico-social et communautaires. Plusieurs associations dénoncent également la loi Asile-immigration, qui prévoit d’interdire à une personne séropositive de déposer une demande de titre de séjour pour soins dès lors qu’il ou elle aura été débouté.e du droit d’asile « classique ».

C’est par défaut que ces marches, en marge ou officielles, se voudraient d’offrir aux personnes LGBT+ les seuls espaces, ou presque, de visibilité et de revendications. Au delà d’une journée ou d’une semaine dans l’année, les militantes et militants concerné.es ont besoin d’espaces d’expressions constants plus que ponctuels. C’est dans la lutte quotidienne que les organisations politiques ou associatives doivent permettre aux LGBT+ de se retrouver et de s’organiser pour lutter et riposter face à toute forme d’oppression, étatiques, sociales ou fascistes, car les dominations patriarcales, l’homophobie, la transphobie, et toutes les discriminations LGBT+ restent elles, présentes jour après jour.

Tom (AL Côte-d’Or)

 
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