Lire : Zancarini-Fournel, « Les Luttes et les rêves »




Trois cents ans d’histoire de France, qui n’est pas l’histoire des puissants, celle des châteaux et des monarques, des palais de la république et de leurs occupants, pas plus que celle des «  sauveurs suprêmes  » mais celle des classes populaires et des opprimé.es de tous ordres. Et di­sons le tout net, ce livre très documenté (avec une foule de notes et de références en fin d’ouvrage) est une incontestable réussite.

L’auteure nous livre un vaste récit, qui est à l’opposé d’une saga ou d’une image d’Épinal, de la manière dont les «  gens de peu  » sont confrontés, de manière parfois contradictoire, aux décisions politiques, aux choix économiques, aux évolutions techniques, aux guerres et aux révolutions, et à leurs conséquences profondes sur l’organisation sociale et la vie quotidienne.

Elle retrace, en s’appuyant sur de multiples vécus d’hommes et de femmes, acteurs et actrices le plus souvent ignoré.es ou méconnu.es des récits officiels, l’histoire des accommodements au quotidien et celle des résistances larvées ou ouvertes, des luttes, de la volonté de changer l’ordre des choses, et s’achève (provisoirement  ?) sur la période ouverte par les grèves de 1995, les luttes des «  sans  » et les révoltes urbaines de 2005.

En outre, trois aspects sont particulièrement à souligner. Cette histoire populaire ne se limite pas à la France métropolitaine, l’histoire des colonisés – Antilles, Guyane, Réunion, Afrique, Nouvelle-Calédonie, Extrême Orient, chacune avec ses particularités – y tient pleinement sa place, de même que celle des migrant.es d’origine diverses, accueilli.es le plus souvent «  à bras fermés  »...

De même, Michelle Zancarini-Fournel, à chaque période, rend aux femmes la place qui leur revient, toujours présentes, souvent déterminantes.

Enfin, cette histoire raconte les évolutions et les luttes du monde ouvrier sans oublier les évolutions du monde rural et des luttes paysannes.

Bref, ce livre, c’est du copieux, mais loin d’être indigeste ou pédant, ça se déguste en six parties et dix-huit chapitres bien conçus et articulés.

Une façon de rende l’histoire intelligible, utile à tout militant ou militante, et profitable à chacune et chacun.

Gérard Coste (AL Saint-Denis)

  • Michelle Zancarini-Fournel, Les Luttes et les rêves, Éditions La découverte, 2016, 995 pages, 28 euros
 
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